Le télétravail s’est imposé comme une nouvelle norme pour de nombreux métiers. S’il offre plus de flexibilité, il a aussi fait émerger de nouveaux risques physiques, cognitifs et organisationnels.
Fatigue, isolement, perte de repères collectifs, douleurs… Autant de signaux qu’il ne suffit pas de corriger avec une “chaise ergonomique”. L’enjeu est bien plus large : comment maintenir la performance tout en préservant la santé, quand le lieu et les repères de travail changent ?
L’ergonomie apporte ici des réponses concrètes, à la croisée de l’humain, du matériel et de l’organisation. Voici les 5 erreurs les plus fréquentes en télétravail et les leviers pour les transformer en opportunités de mieux travailler, durablement.
- Réduire l’ergonomie à une question de mobilier
C’est une idée reçue : on pense souvent qu’une bonne chaise ou un bon écran suffisent à rendre le télétravail confortable.
Le risque : on oublie que l’ergonomie n’est pas un catalogue de matériel, mais une démarche d’adaptation globale du travail à l’humain.
La bonne approche :
– Oui, le confort postural est important, mais il doit être accompagné d’une réflexion sur le rythme de travail, les pauses, et l’équilibre entre autonomie et accompagnement.
– Le salarié doit pouvoir ajuster son environnement et son organisation pour rester performant sans s’épuiser.
Objectif : créer les conditions d’un travail efficace et durable, pas simplement confortable.
Reproduire les rythmes du bureau à la maison
Beaucoup d’entreprises ont transposé leurs journées de bureau… en visioconférences à la chaîne.
Le risque : une surcharge cognitive et visuelle majeure, une perte de concentration et un épuisement mental plus rapide.
La bonne approche :
– Repenser le rythme des réunions (moins nombreuses, plus ciblées, plus courtes).
– Favoriser des temps de travail concentré sans sollicitations permanentes.
– Intégrer des pauses actives et des moments de récupération planifiés.
Une bonne gestion du temps, c’est aussi important qu’un bon environnement de travail.
Négliger le dialogue social et les règles du jeu
Le télétravail repose sur un équilibre collectif, pas seulement sur des pratiques individuelles.
Le risque : des salariés isolés, des managers débordés, et des règles implicites mal comprises (disponibilité, horaires, charge, outils).
La bonne approche :
– Mettre en place un dialogue social structuré autour du télétravail : conditions, droit à la déconnexion, fréquence, accompagnement.
– Faire évoluer les accords ou chartes télétravail avec les représentants du personnel et les services RH.
– Clarifier les modalités de communication et d’évaluation du travail.
Une convention claire, partagée et vivante est un outil de prévention aussi efficace qu’une bonne posture.
Oublier d’équiper… en outils numériques performants
Le télétravail exige des outils fiables, adaptés et simples à utiliser. Mais tous les salariés ne disposent pas du même niveau d’équipement ni des mêmes compétences numériques.
Le risque : des lenteurs techniques, une charge mentale accrue, et une perte d’efficacité qui finit par impacter la santé.
La bonne approche :
– Fournir du matériel professionnel adapté (double écran, casque, connexion sécurisée).
– Former les salariés à l’usage des outils numériques collaboratifs.
– Impliquer les managers dans la régulation de la charge cognitive liée aux outils (notifications, messages, réunions virtuelles).
L’ergonomie numérique est un pilier de la performance à distance.
Sous-estimer la dimension psychosociale du télétravail
Le télétravail modifie profondément la relation au collectif et à l’entreprise. L’isolement, le manque de reconnaissance ou la difficulté à séparer vie pro et perso sont des sources majeures de fatigue psychique.
Le risque : un désengagement progressif, une baisse de motivation et des TMS amplifiés par le stress.
La bonne approche :
– Maintenir un lien régulier et bienveillant entre équipes et managers.
– Organiser des temps d’échanges informels pour préserver le collectif.
– Encourager la co-responsabilité entre direction, encadrement et salariés dans l’organisation du télétravail
Un salarié écouté, reconnu et soutenu reste motivé et donc performant.
Conclusion
Le télétravail est une formidable opportunité… à condition d’en faire un modèle durable, où la performance et la santé avancent ensemble.
L’ergonomie ne consiste pas à “régler une chaise”, mais à penser le travail dans toutes ses dimensions : physique, cognitive, organisationnelle et sociale.
En intégrant la prévention, le dialogue et l’adaptation continue, le télétravail peut devenir un levier d’efficacité et de bien-être, et non une source de contraintes supplémentaires.