Introduction
Lorsqu’on parle de troubles musculosquelettiques (TMS), on pense souvent aux postures, aux gestes ou au matériel. Pourtant, la prévention durable de ces troubles ne dépend pas seulement de l’ergonomie physique, mais aussi de la manière dont le travail est organisé, encadré et animé.
Et dans cette équation, le management joue un rôle central. Parce qu’il est le lien entre les équipes et la direction, il a la capacité d’influencer les conditions de travail, la charge, le rythme et la communication — autant de facteurs déterminants dans l’apparition (ou la prévention) des TMS.
Le manager, acteur de proximité de la prévention
Les managers sont les premiers observateurs du travail réel. Ce sont eux qui voient au quotidien comment les salariés s’adaptent, compensent ou contournent les difficultés.
Un collaborateur qui se penche trop souvent, un geste répétitif mal exécuté, une fatigue qui s’installe : ce sont des signaux faibles que le manager est en mesure de repérer avant qu’ils ne deviennent des douleurs chroniques.
Le rôle du manager :
– Observer sans juger,
– Échanger avec les équipes sur les difficultés rencontrées,
– Faire remonter les situations à risque,
– Être à l’écoute des signaux physiques et psychologiques.
En un mot : il devient le relais humain de la prévention sur le terrain.
Un rôle clé dans l’organisation du travail
Les TMS ne viennent pas uniquement des gestes ou des postures, mais aussi de l’organisation du travail : rythme, pression, délais, surcharge, manque de récupération…
Le manager a un levier direct sur ces paramètres. Par exemple :
– Adapter les plannings pour éviter la répétition excessive,
– Répartir équitablement les charges de travail,
– Accorder des temps de pause suffisants,
– Donner la possibilité d’alterner les tâches physiques et mentales.
Ce type d’ajustements organisationnels, simples mais concrets, réduit considérablement les risques de TMS.
La communication, pilier de la prévention
Les TMS s’installent souvent dans le silence. Les salariés minimisent la douleur, craignent d’être jugés ou de ralentir le travail.
Le manager a donc un rôle clé pour libérer la parole autour de la santé au travail.
Quelques bonnes pratiques :
– Créer un climat de confiance où chacun peut signaler une gêne sans crainte,
– Encourager les retours terrain (“qu’est-ce qui vous fatigue le plus ?”),
– Valoriser les remontées de situations à risque au lieu de les voir comme des plaintes,
– Donner du sens aux actions ergonomiques menées dans l’entreprise.
En favorisant le dialogue, le manager devient acteur du changement culturel autour de la prévention.
Être formé et accompagné dans son rôle
Prévenir les TMS ne s’improvise pas. Les managers ont besoin d’être formés pour comprendre :
– les mécanismes des TMS,
– les leviers d’action managériaux,
– les outils de repérage des signaux faibles,
– la posture à adopter pour accompagner leurs équipes.
Les formations “manager et santé au travail” permettent de mieux concilier performance, bienveillance et prévention. Elles renforcent le sentiment de compétence et d’utilité du manager dans la démarche ergonomique.
Une approche collective de la prévention
La réussite d’une démarche TMS repose sur la cohérence entre les différents niveaux de l’entreprise : direction, managers, encadrants, opérateurs et services support.
Le manager se trouve à l’articulation de ces niveaux :
– Il relaie la stratégie de prévention décidée par la direction,
– Il la traduit en actions concrètes sur le terrain,
– Il fait remonter les réalités vécues par les équipes.
En intégrant pleinement les managers à la démarche, on transforme la prévention en culture partagée, et non en obligation réglementaire.
Conclusion
Le manager n’est pas un simple exécutant des politiques QVT : il en est le moteur humain. Grâce à sa proximité avec les équipes, il peut détecter, anticiper et prévenir les risques avant qu’ils ne deviennent des problèmes de santé.
La prévention des TMS, c’est avant tout une affaire d’écoute, d’équilibre et d’organisation. Et dans cette mission, le management a toute sa place — entre performance et bien-être durable.