Comment réduire les TMS en entreprise ?

Introduction

Les troubles musculosquelettiques (TMS) ne concernent pas que les employés de bureau. Ils touchent tous les secteurs d’activité : industrie, logistique, santé, BTP, commerce, restauration, transport… Partout où il y a effort, posture, rythme ou répétition, le risque existe.

Ces troubles représentent aujourd’hui près de 9 maladies professionnelles sur 10, avec des conséquences à la fois humaines et économiques. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils peuvent être réduits efficacement grâce à une démarche ergonomique adaptée au terrain réel.

Observer le travail réel

Avant toute action, il faut comprendre la réalité de l’activité. Les TMS apparaissent quand il existe un écart entre le travail prescrit et le travail réel — entre ce qui est prévu et ce que les salariés font réellement pour s’adapter.

Sur le terrain, cela peut être :
– Un manutentionnaire qui tourne le dos pour attraper une caisse,
– Une aide-soignante qui compense un manque de matériel adapté,
– Un opérateur qui travaille bras levés plusieurs heures,
– Un maçon qui répète les mêmes gestes sans repos suffisant.

L’analyse ergonomique permet d’identifier ces compensations, souvent invisibles, et de proposer des solutions adaptées aux contraintes du terrain.

Agir sur les moyens matériels

Une grande partie des TMS provient de contraintes physiques mal maîtrisées : efforts, charges, postures.

Quelques leviers concrets :
– Mettre à disposition des outils adaptés (aides à la manutention, rails de transfert…),
– Adapter les hauteurs de travail sur les postes fixes ou mobiles,
– Limiter les manipulations inutiles en réorganisant les flux et le stockage,
– Entretenir le matériel pour éviter les gestes forcés (serrage, vibration, résistance).

L’objectif n’est pas de supprimer l’effort, mais de réduire la contrainte physique à un niveau acceptable pour le corps humain.

Repenser l’organisation du travail

Le rythme, la répétition et le manque de récupération jouent un rôle déterminant dans l’apparition des TMS.

Quelques pistes efficaces :
– Introduire de la rotation des tâches, notamment pour les postes répétitifs,
– Planifier des pauses courtes et fréquentes, sans les culpabiliser,
– Éviter les cadences trop rigides ou irréalistes,
– Prévoir des effectifs suffisants pour limiter la surcharge,
– Intégrer l’ergonomie dès la conception des postes (projets neufs ou réaménagements).

L’organisation, c’est le “nerf invisible” de la prévention des TMS.

Former et accompagner les équipes

La meilleure prévention, c’est celle que les salariés s’approprient. Former, ce n’est pas juste apprendre à se baisser en pliant les genoux : c’est comprendre le fonctionnement du corps, savoir repérer les signaux d’alerte et agir avant la douleur.

Les actions de formation les plus efficaces sont :
– Les ateliers pratiques sur le terrain,
– Les formations à la manutention réelle (avec observation d’activité),
– Les sensibilisations à la variabilité et à la récupération,
– Les moments d’échange entre opérateurs et encadrants pour améliorer les pratiques ensemble.

L’objectif est de développer une culture de prévention vivante, pas une simple transmission de consignes.

Impliquer toute l’entreprise

La prévention des TMS est un projet collectif, pas seulement une question de santé. Elle nécessite une implication à tous les niveaux :
– La direction, pour donner du sens et des moyens,
– Les managers, pour relayer et soutenir les actions,
– Les salariés, pour exprimer leurs besoins et tester les solutions,
– Les services techniques et HSE, pour assurer le suivi et la pérennité.

L’ergonomie fonctionne vraiment quand elle devient un langage commun dans l’entreprise.

Mesurer les effets dans le temps

Une prévention efficace se voit dans la durée.

Quelques indicateurs concrets à suivre :
– Moins de douleurs signalées,
– Diminution du nombre de TMS reconnus,
– Réduction des arrêts de travail,
– Amélioration du climat social et de la satisfaction au poste.

L’analyse post-intervention permet d’ajuster et d’améliorer continuellement la démarche.

Conclusion

Réduire les TMS, ce n’est pas “faire un peu d’ergonomie au bureau”. C’est agir concrètement sur le terrain, là où le travail se fait vraiment.

Chaque secteur a ses contraintes, mais tous peuvent bénéficier d’une observation fine, d’une écoute active et d’une démarche participative.

L’ergonomie, c’est l’art d’adapter le travail à l’humain — qu’il soit derrière un écran, sur un chantier ou au chevet d’un patient.

Besoin de conseils sur l'ergonomie dans votre entreprise?